Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/283

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Vélines, des journées entières, flânait à travers la ville, sans itinéraire, pour le plaisir Parfois, dès son lever, il partait. Son quartier de Bihorel, fait de venelles proprettes qui se coulent entre des jardins clos, embaumait la ravenelle et la jacinthe. Les vergers, qu’avril faisait tout blancs, secouaient par dessus les murs, une neige le long des ruisseaux. De la ville aux cent clochers venait le grand murmure des sonneries matinales, et il voyait toujours pointer, là-bas, la flèche de la cathédrale, qui décroissait à mesure qu’il descendait la côte.

Le boulevard circulaire, avec ses deux chaussées, ses talus gazonnés en style de fortification, les soldats manœuvrant sur le Boulingrin, donnait un aspect militaire à cette ville de bonnetiers. Alors, machinalement, Vélines prenait comme autrefois le chemin du lycée. Dans la rue en pente raide, une place s’ouvre à gauche, garnie d’ailantes : un portique apparaît au fond, béant, par lequel on entrevoit un Pierre Corneille géant sur un tertre de gazon. Vélines se remémorait ses maîtres ; quelques-uns étaient morts. Que de mérite, de dignité, de haute science souvent, de modestie toujours, ils possédaient, qu’il n’avait point su leur reconnaître jadis ! Pour un peu plus de notoriété, les dépassait-il aujourd’hui, lui qui avait toujours brigué partout la première place ?

Il allait de quartier en quartier. On aurait dit