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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/285

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cathédrale, sur une fontaine merveilleuse, une tour ciselée à jour, ou une aperçue de ce féerique Palais de Justice, le chef-d’œuvre de la Renaissance.

Vélines cheminait, troublé, sans savoir si le fantôme de son enfance ou le sentiment qu’il avait soudain de sa maturité le tourmentait davantage. Cependant une amitié de longs mois avec une compagne telle qu’Henriette lavait trop déshabitué de la solitude d’esprit pour qu’il pût jouir à l’aise de ce qu’il rencontrait. Parfois il sentait un vide à côté de lui. D’aventure, il entrait dans un bureau de poste et envoyait à sa femme un mot rapide.

Le quatrième jour, il écrivit :

Ma chérie, j’ai traversé tantôt le square Solférino, où s’ébattent les enfants riches. J’ai retrouvé l’allée où ma grand’mère choisissait une chaise et où je m’amusais avec de petits garçons inconnus. Le gazon d’une pelouse descend en pente vers un bassin qui reçoit les gouttelettes d’eau d’une cascade. Elles y tombent avec un bruit de cristal. Des saules pleureurs abritent un rocher artificiel. Je trouvais très beau, jadis, ce pastiche de la nature. En revoyant ce coin, je me suis senti tout désemparé. Que la chute est vertigineuse de ces premières années à la dernière !… On ne la sent pas. Mais, si un souvenir marque soudain le point de départ, l’illumine, quel spectacle que celui des étapes franchies ! On voudrait se retenir : mais la descente vous entraîne. Il n’y a que le repos dans les deux bras d’une femme aimée qui vous donne l’illusion d’une halte…