Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/290

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sang ces hommes-là ont-ils donc dans les veines ! De mon temps, la Renommée, la Célébrité, les jeunes gens les adoraient comme des femmes. Ils disaient que c’étaient leurs maîtresses ; et cela vous avait de l’allure, et cela vous faisait des Daudet, des Gambetta, des Lachaud…

Vélines avait pâli, mais il s’efforçait à la gaieté :

— Grand’mère, grand’mère, vous êtes née en plein romantisme !

— Je suis née, mon fils, au temps où les femmes étaient modestes et ne souhaitaient point d’autre éclat que celui de leurs maris ; elles s’en paraient ; elles s’ingéniaient à le faire plus vif, plus splendide. Elles existaient alors pour le foyer, pour la félicité de leurs compagnons, et elles étaient la sécurité de la famille au lieu d’en être le danger.

André, acculé à l’obligation de défendre Henriette, murmura ;

— J’ai le bonheur d’avoir pour femme la plus charmante amie de mon esprit, une vraie compagne dont le commerce ne me lassera jamais. L’intimité de l’homme le plus intelligent ne me procurerait pas autant de joies que celle d’Henriette. Tout se paye. Je puis bien mettre le prix à mon bonheur.

— J’ai connu des femmes d’esprit qui n’étaient point avocates, cependant ! — riposta la grand’mère.