Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/291

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Ce soir-là, Vélines sortit après dîner. Il avait le feu aux tempes et des bourdonnements sous le crâne. Laissant la rue Bihorel, il descendit vers Rouen par la sente de Bellevue, si escarpée qu’elle paraît choir d’un jet au cœur de la ville. Le premier croissant de la lune rousse éclairait, dans toute la profondeur de la vallée, la cité aux trois cathédrales, tandis que dans les jardins environnants, sous la blancheur uniforme des ramures, on aurait imaginé que se passaient des choses solennelles.

Vélines avait dans lame le plus affreux désarroi. Ah ! que la perspicace aïeule avait été lucide ! Ce que le monde pensait tout bas devant sa situation baroque de mari effacé, celle-là vertement l’avait dit, avec sa franchise coutumière. Et son avenir, qu’il avait entrevu si beau, lui apparaissait comme une ruine qui s’écroule au bout d’un chemin. Le mari de madame Vélines, voilà tout ce qu’il était destiné à devenir. Et lui qui avait ri de sa grand’mère tout à l’heure, en la traitant de romantique, il prononçait maintenant tout bas : « La gloire ! la gloire !… » avec des frémissements de tout son corps.

Il s’égara dans les rues infectes ; il poussa jusqu’aux bas-fonds de Martainville, où d’ignobles disputes éclatent dans des bouges. Il traversa des carrefours boueux où l’on voit, la nuit, des chats s’accroupir et miauler en se provoquant, tandis que d’autres fuient le long du ruisseau, de leur