Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/292

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

allure dansante et légère. On le rencontra rue des Augustins et rue des Arpents, là où les hommes du port tiennent leurs assises. Puis il déboucha sur le quai.

Henriette ?… Ah ! qu’il était naïf, lui, de ne pouvoir se passer d’elle ! Comme elle devait bien supporter son veuvage, là-bas, amusée par les soins professionnels !… Et il se rappela comme elle s’était un jour glorifiée de donner autant de consultations que lui.

Pourtant cette jeune créature si ardente n’était-elle point libre de caresser les mêmes rêves que lui ? Pourquoi pas la femme célèbre aussi bien que l’homme ?… Aussitôt sa pensée se tourna vers monsieur et madame Duzy, et il trouva dans ce ménage un comique dont, par contre-coup, il se sentit atteint.

« Madame Duzy ne fait que des romans, se disait-il ; mais, si elle faisait des ponts comme son mari, c’est alors que le malheureux serait piteux ?… »

Et il lui sembla sentir dans Henriette sa pire ennemie.

Les quais étaient déserts, peu éclairés, pleins de silence. Il venait des berges une odeur de vin, de planches et de goudron. La mature des bateaux de commerce se profilait là-bas, sur un ciel argenté, et, tout au fond, le tablier gigantesque du transbordeur, supporté par ses deux pylônes, formait comme le portique énorme et