Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/300

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— J’y suis allée, mon pauvre chéri, mais inutilement.

Il s’assit sur le bureau ; ses minces jambes nues et rouges d’écolier en battaient les tiroirs. Il ne parlait plus. Ses épaules s’étaient affaissées, et il laissait tomber sur ses genoux ses mains molles, aux doigts effilés, signes dénonciateurs de son manque d’énergie.

— Eh bien, qu’y a-t-il ? demanda madame Martinal.

— Qu’est-ce que nous allons devenir ! soupira l’enfant, repris de ses inquiétudes précoces.

— Ah ! mon pauvre mioche, repartit en riant la jeune femme, toi, tu seras de ceux qui passent leur vie à se lamenter en attendant que les perdrix leur tombent du ciel toutes rôties… Allons, oust ! va travailler, mon grand Pierre : je n’aime pas les pleurnicheurs, mais les laborieux. Quand ton petit papa est mort, si je n’avais fait que pleurer, moi, où seriez-vous aujourd’hui ?… Non, non, il faut se redresser toujours, être conscient de ce qu’on peut et l’accomplir avec un peu de nerf… Quant à notre dèche actuelle, cela ne te regarde pas, mon chou fiez-vous à votre maman pour arranger les choses, et soyez des gamins heureux !

Et, offrant malgré sa douceur une perpétuelle leçon de fermeté, elle le poussait vers la salle à manger, où l’on faisait les devoirs, quand la sonnette retentit, lui causant au cœur ce petit choc