Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/302

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pension alimentaire et que depuis elle n’avait pas entendu parler de lui.

— Mais il faut l’assigner ! s’écria Jeanne Martinal, nous irons en référé, nous obtiendrons un jugement.

Près de l’autre, elle paraissait une princesse. L’aspect soigné de sa personne, l’élégance de sa robe unie, l’ambiance suggestive de ce cabinet où elle remuait, son titre, et surtout cette assurance que confère aux femmes une longue habitude d’exister par elles-mêmes, contribuaient à lui donner un air de domination. Elle était le conseil, l’esprit directeur, l’organisatrice. À ses côtés, celle que le mari ne régentait ni n’entretenait plus semblait une pauvre chose désemparée, livrée à tous les hasards.

— Ah ! je me laisse conduire par vous ! Faites de moi ce que vous voudrez… Et si je vous concède cela, c’est pour ma fille. Avec les deux cents francs de pension mensuelle du père je pourrais la bien nourrir et lui procurer de l’instruction. S’il ne s’agissait que de moi !… Il faut que je vous dise : j’ai écrit à M. Faustin ; il m’a répondu sur un ton si offensant !…

— Montrez-moi la lettre de votre mari, fit madame Martinal.

— La lettre ? je l’ai brûlée : elle m’insultait presque… Il y disait ouvertement qu’un homme ne peut matériellement pas faire vivre toutes les femmes qu’il a aimées… Ah ! oui je l’ai jetée au