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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/303

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feu, pleurant toutes les larmes de mon corps, malade de honte et d’humiliation pour avoir réclamé de l’argent à un tel être.

— Malheureuse ! s’écria l’avocate ; nous l’aurions produite en justice, cette lettre !…

— Est-ce que je savais !

Et. avec son intelligence, sa santé, sa jeunesse son éducation, la force de ses trente ans, elle se sentait si incapable, si étrangère au grand mouvement d’activité sociale où grouillent, peinent et jouissent aujourd’hui, pêle-mêle, hommes et femmes, qu’elle envia son amie.

— Ah ! que vous avez de la chance, vous, d’avoir un métier dans les mains !

— Oui, reprit Jeanne songeuse, on connaît tout de même de mauvais pas, mais au moins on s’en tire.

Puis, le sens professionnel la ressaisissant, elle indiqua vite à l’abandonnée la méthode qu’elle allait suivre. Ces deux cents francs de pension mensuelle, maigrement alloués par le tribunal, elle les aurait ! Et elle citait des textes, des articles, prenait en témoignage des jugements, des arrêts. Elle était vraiment, avec son petit talent honnête, sa science solide, sa volonté, la Défense en qui l’on se confie, et l’autre, en son for intérieur l’admirait…

À peine sa cliente partie, madame Martinal s’enveloppa d’un ample tablier ; et, pendant que