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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/304

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les plumes des trois enfants grinçaient sur le papier, on l’entendit, une heure durant, fourrager dans la cuisine minuscule, parmi le cliquetis des casseroles et l’odorant gazouillis des fritures savoureuses. Puis, les trois garçons libérés, le couvert fut dressé avec une jolie nappe de fantaisie, deux sous de myosotis dans un vase de cristal, et des friandises sucrées, fabriquées par l’avocate à ses moments perdus. Les trois mioches, joueurs, bruyants et lutins, se tenaient bien à table. Ils avaient de beaux appétits qui ravissaient la maman Celle-ci causait puérilement avec eux, et leur promettait un voyage à la mer pour l’été. La vieille tante se laissait aller au bien-être. On n’avait même pas de femme de ménage. Les deux maîtresses de maison alternativement servaient Mais ce dîner fin, joyeux, tranquille, qu’ornaient l’argenterie et la porcelaine du foyer détruit, disait l’aristocratie modeste et profonde du foyer rebâti par cette vaillante veuve.

Le repas achevé, on s’étonna de lui voir mettre son chapeau, se préparer à sortir sans les enfants.

— Menez-nous au square Saint-Jacques ! suppliaient-ils.

Mais elle prétexta un rendez-vous d’affaires et partit mystérieusement, sans que son allure déterminée surprit personne. Il faisait jour encore ; elle s’en fut à pied, par le Pont-Neuf, jusqu’à la place Dauphine. Elle monta chez Henriette. Le