Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/305

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valet (le chambre lui dit que monsieur et madame n’avaient pas fini de dîner, et proposa de l’introduire dans la salle à manger. Mais elle déclara que c’était à madame Vélines seule qu’elle voulait parler, et elle l’attendit dans le petit salon blanc…

Depuis ce brusque retour à la maison, où il avait trouvé Henriette mère, en pleines délices, à ces premières heures où une femme peut se dire : « J’ai un fils… J’ai une fille », André Vélines, froidement, douloureusement, tâchait de se composer une âme nouvelle.

D’abord, à la vue de ce tout petit bébé, il s’inquiéta de sa laideur. Puis il s’attendrit et connut des tressaillements de fierté. Ensuite ce furent, près du lit d’Henriette, des méditations muettes où tous d’eux s’unissaient, prêtant à leur mariage une signification plus profonde, plus intime, depuis qu’un être en était né : ils offraient alors l’image d’un parfait bonheur. En somme, ce fut un grand bouleversement momentané que cette naissance. Les soins religieux du corps d’Henriette, les silences que l’on gardait autour de son repos, l’énigme de cette vie débile inerte au fond d’un berceau, la sensation d’être trois soudain dans l’existence, les Veillées dans la chambre, où l’on baissait l’abat-jour, tout contribuait à envelopper André d’une atmosphère