Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/306

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mystique. Il faisait une espèce de rêve. Beaucoup de choses s’effacèrent en son esprit.

Dès les relevailles de sa femme, la réalité reparut. Henriette se retrouvait forte. La nuit, elle nourrissait l’enfant, de ce lait rare et léger des blondes dont on prétend qu’il est insuffisant, et, le jour, s’adjoignait le biberon. Une jeune Bretonne sûre était chargée du bébé. L’avocate reprit la route du Palais.

Alors Vélines, aujourd’hui lucide, l’y suivit, résolu à contempler héroïquement l’apothéose de cette jeune compagne, près de laquelle s’éteignait son propre éclat. Il se dit qu’il se renoncerait, et que de la gloire il se souciait désormais comme d’une guigne !… En effet, il se désintéressa de tout, négligea les plaidoiries, ne désira plus de causes. Personne ne perçut le découragement qui l’accablait ; sa correction extérieure, presque flegmatique, ne s’en altéra point, mais, tout stimulant lui faisant défaut, il éprouva le dégoût de l’effort. Il lut les philosophes chrétiens ; mais il les lut à la manière des grands orgueilleux et l’esprit ne l’en pénétra plus.

Cependant sa femme, à ses côtés, grandissait. D’abord, pour porter bonheur à sa fille, elle voulut plaider en premier lieu pour un enfant. Mademoiselle Angély lui confia un de ses pupilles échappé d’Ablon, qui avait copieusement fourragé aux devantures des grands magasins. On revit l’avocate au petit parquet durant l’instruc-