Aller au contenu

Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/307

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

tion La maternité avait élargi son cœur. L’apparition du petit coupable entre deux municipaux, au fond de ce sombre couloir en sous-sol où vous arrivent des relents du corps de garde voisin, lui causa une émotion neuve. Une éducation de tendresse envers l’enfance se faisait lentement en elle, chaque jour, près de son bébé. Tout en interrogeant le gamin sur le banc banal, elle prenait instinctivement sa main, — cette main spatulée de garçon promis au vice. — et lui tenait des discours où passait la belle chaleur de sa nature enflammée pour le bien.

Sa rentrée au Palais fut illustrée par la défense de ce mineur, un lundi, à la huitième chambre. La longue pratique du cabinet lui avait acquis cette assurance qui aide tant au génie Et, quoiqu’Henriette restât impersonnelle, avec un bon goût irréprochable, il fallut bien reconnaître en cette plaidoirie d’une femme pour un enfant toutes les ressources que peut suggérer le sentiment maternel. L’accent d’une jeune mère s’y décelait. Ses amies, nombreuses à l’audience, en reçurent l’impression. Ce furent de seconds débuts magnifiques. Il y avait là comme une victoire pour les sentiments de mademoiselle Angély et les idées de madame Surgères. Vélines se dit ;

« Je n’ai plus d’ambition que pour ma femme. » Il eut l’illusion de se griser à l’ovation que l’on faisait à Henriette dans le grand escalier blanc de la correctionnelle.