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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/311

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— Qu’est-ce qu’il y a, madame Martinal ?

Des larmes perlèrent aux yeux de la veuve, mais elle se domina, et, souriant :

— Ah ! mon Dieu, je ne croyais pas ce que j’avais à vous dire, ce soir, si difficile, et c’est très bête d’être secouée à ce point.

— Est-ce que je ne suis pas votre amie ?… fit Henriette, qui supposait un besoin d’argent, et cherchait à prévenir la demande.

— Ah ! si vous n’étiez pas mon amie, et celle que j’estime le plus, non, bien sûr, je ne serais pas ici, décidée à être si franche avec vous… Écoutez, ma petite Vélines, il faut que vous me preniez pour secrétaire.

Henriette éclata de rire :

— Pour secrétaire… vous ! mais… mais… je suis votre cadette, vous êtes autrement forte que moi, autrement expérimentée : vous prendre comme secrétaire… jamais je n’oserai !…

— Vous savez bien que vous avez dix fois plus de talent que moi. Là n’est pas la question… Il faut que je sois votre secrétaire : vous me devez ça… Je vous étonne ? Apprenez alors, ma petite, que je suis dans une dèche noire, que je suis à la veille de faire des dettes, que je ne vois pas même où aller chercher le trimestre du lycée de Pierre… tout cela… grâce à vous !

Elle détourna, un instant, les yeux, fit mine d’arranger les plis de sa jupe et continua :

— Ma sincérité ne vous fâche pas, hein ? Eh