Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/317

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se faire aider. Il est, dans le milieu judiciaire, de ces détails minimes qui vous classent un avocat. Vélines éprouva comme une insidieuse déconsidération et se terra plus que jamais. On raconta qu’il avait par trois fois renoncé à plaider dans de grosses affaires.

Souvent il renvoyait la bonne et restait seul dans la chambre près du berceau de sa petite fille. La fenêtre à encorbellement, ouverte, laissait voir, de l’autre côté de la cour, au fond de l’antichambre qui précédait les salons, madame Martinal allant et venant, rangeant des dossiers dans un cartonnier de débarras. Et Vélines se faisait dédaigneux : il lui semblait qu’Henriette tenait un gros commerce, qu’elle vendait son talent un peu en vrac à des chalands toujours plus nombreux, et que tout un mouvement d’employés tourbillonnait dans le « magasin » là-bas. Alors il écartait les rideaux du berceau, contemplait le bébé dont les traits mous et mignons composaient maintenant un fin visage. Il aurait désiré un fils qu’il eût élevé lui-même : cette enfant n’appartiendrait-elle pas à la mère ?

— Elle me prendra même ça ! prononçait-il en soupirant.

Et il imaginait l’avenir, prévoyait l’intimité de ces deux êtres un peu semblables, dont les vies se mêleraient. La fillette, à peine en âge de comprendre, se flatterait d’avoir une maman d’exception, une maman dont les photographies sont