Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/318

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partout, une maman qu’on nomme en se retournant dans la rue… Quant à son père, quel personnage ordinaire, et comme il compterait peu !

Mais, à ce moment, les yeux noirs se bridaient, la bouche minuscule faisait un pli baroque, tirait le menton : le bébé avait reconnu le papa et, pendant que les petons trépignaient de plaisir sous l’édredon, s’épanouissait dans un rire de béatitude infinie ; des cris de petite bête heureuse éclataient et le corps menu s’agitait tout entier avec des frémissements qui se communiquaient au père. Alors une crise de sa sentimentalité trop longtemps réprimée éclatait dans l’âme du pauvre homme : il se promettait de conquérir sa fille ; il se réjouissait de la trouver jolie, et se découvrait un droit personnel et particulier sur elle en constatant qu’elle ressemblait à la grand’mère Mansart.

Madame Marti nal lui enfonça en plein cœur une épine cruelle, le jour qu’elle s’écria :

— Oh ! c’est tout le portrait du président Marcadieu…

Quand le travail abondait, Henriette se rendait seule au Palais ; la veuve restait pour recevoir les gens et expédier la correspondance. Une après-midi, qu’elle s’était dépêchée et qu’à trois heures elle se trouvait libre, elle alla frapper à la porte de Vélines.

— Cher confrère, dit-elle avec sa bonne humeur charmante, puis-je vous aider un peu, à votre