Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/319

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tour ?… Ma patronne est absente et je chôme ; j’ai pensé que tous auriez peut-être quelque besogne pour moi.

En voyant pénétrer chez lui, en chemisette de soie noire, nu-tète et la plume à la main, cette fière jeune femme dont le cabinet avait existé sérieusement naguère, Vélines éprouva une gêne.

— Ah ! non, fit-il en souriant, nous ne vous mettons pas à toutes sauces ! Vous êtes ici chez vous : reposez-vous un peu, prenez quelque loisir, mais n’attendez pas que je vous dicte mes lettres ! Il a fallu toute la désinvolture de ma petite Henriette pour assujettir une femme comme vous au métier que vous condescendez à exercer ici. Je ne vais pas renchérir en faisant recopier mes notes de plaidoirie par un confrère de votre valeur.

— Ah ! ma valeur ! si vous saviez comme je m’en soucie peu, comme toute vanité m’a quittée… Au fond, voyez-vous, cette obsession de la gloriole n’est nullement inhérente à la nature féminine : nous sommes faites pour autre chose. Je vous assure que je n’ambitionne plus rien que gagner le plus largement possible ma vie et celle de mes enfants. Mon rôle près de votre femme est d’ailleurs des pins agréables. Qu’importe que je m’efface derrière elle ? Je reconnais bien que je ne la vaux pas, allez ! et je suis là fort à ma place.

— Je pense, murmura Vélines, je pense que vous êtes une créature admirable et que…