Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/320

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— Alors, dit-elle gaiement, confiez-moi un dossier de quelque importance !

— Non, et pour deux motifs : le second, c’est que je ne le voudrais pas !… Le premier, c’est que présentement je n’ai pas sur le chantier une seule affaire importante.

Elle ne pouvait croire pareil aveu. Elle demeurait interdite, car Vélines avait toujours passé pour un avocat occupé.

— Sincèrement, reprit-il, je ne fais rien, en ce moment ; je suis très fatigué…

Avec un geste de lassitude, il ajouta :

— Et puis !…

Il cédait’doucement au besoin de s’épancher à demi-mot près de cette femme, qui représentait pour lui une loyale camarade, sereine et sûre. Elle hasarda cette remarque :

— Vous avez l’air découragé.

— Non ; mais, après avoir été ambitieux, éperdument, j’en suis venu peu à peu à cette tranquille indifférence.

— Ma philosophie des ailes coupées, mon cher, ne vaut rien aux hommes. Parbleu, quand on est pauvre, avec un tout petit talent et trois gosses à élever, et qu’on s’appelle madame Martinal, il faut être sage et ne pas laisser son imagination voler trop haut… Mais si on est André Vélines, c’est autre chose. La gloire c’est le fait des hommes ; je veux dire : de ceux qui la méritent. Vous un modeste, un humble ? allons