Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/32

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gravement par le défenseur ; il lui est sacré, qu’il soit sensé ou fou.

Alors commencèrent les lamentations de la dame : au cours de réparations locatives dans son appartement du boulevard Saint-Germain, par le fait d’un courant d’air, elle avait attrapé un mal d’yeux qu’elle dit grave. Et, de son gros doigt ganté, elle abaissait sa paupière, montrait une sclérotique congestionnée. Le traitement ne donnait aucun résultat toute lecture lui devenait impossible. Par auto-suggestion, les larmes lui jaillirent. Elle s’était munie de plusieurs certificats médicaux et se proposait d’intenter une action judiciaire pour obtenir des dommages et intérêts. Elle n’estimait pas au-dessous de cinq mille francs le préjudice causé, et, terminant à la façon d’une plaidoirie, elle ajoutait par habitude :

— Le tribunal appréciera…

Mademoiselle Angély, plus professeur de droit qu’avocate, ne possédait pas autant que la plus neuve stagiaire l’esprit du barreau elle essaya de la dissuader de tout litige ; madame Leroy-Mathalin ne l’écouta pas. Elle était fort malheureuse : toutes ces affaires la tuaient. Et, ne se connaissant plus, dans son emportement, elle alla jusqu’à traiter le président Marcadieu de « vieux singe » >. Son procès des lettres anonymes traînait en longueur. Maître Thaddée-Mira, qui la défendait devant la huitième du tribunal, ren-