Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/33

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contrait des difficultés près de l’expert en écritures. De plus, il ne pouvait pas se charger de sa demande d’indemnité, de sorte qu’elle avait pensé à mademoiselle Angély, dont le talent lui inspirait tant de confiance, sans compter qu’entre femmes on s’entend toujours mieux…

Un peu plus loin madame Gévigne, autre plaideuse, avait happé le ménage Clémentin, dont le mari avait pris en main son affaire de créance. Monsieur et madame Clémentin, tous deux avocats, étaient chétifs, aigres et âpres. Peu chanceux, ils vivaient d’expédients. À la salle des Pas-Perdus, les dames Gévigne étaient leur proie. Les stratagèmes de Clémentin, pour se faire attribuer des causes, étaient fameux au Palais. À Ménilmontant, il avait, disait-on, un cabinet clandestin où il donnait ses consultations à la population la moins intéressante de la capitale, chez laquelle on lui prêtait des accointances. La plaideuse, dont le procès n’aboutissait pas, le gourmandait ferme, à ce moment.

Une voix près d’Henriette murmura :

— Mademoiselle Marcadieu…

L’avocate se retourna : André Vélines et la vieille dame étaient devant elle. La jeune fille devint sérieuse ; d’instinct, sa main lissa l’épitoge, puis rassura sa toque sur le chignon trop lourd. Dans une attitude pareille à celle d’André, elle soutenait sous le bras gauche la serviette professionnelle : lui, avait plaidé à la cour, dès midi ;