Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/321

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donc ! vous n’êtes pas de bonne foi par-devant vous-même… Ignorez-vous ce qu’on pense de vous au Palais, et que tout le barreau s’attend à vous élire bâtonnier avant dix ans d’ici ?

— Le bâtonnat ! ricana Vélines. — chère madame Martinal, je n’y songe pas. Pourquoi tant s’agiter, pourquoi se dépenser, pourquoi ne pas se cloîtrer dans sa solitude intérieure ?

— Mais, le voudriez-vous, mon cher, qu’on ne vous y laisserait pas, dans votre solitude intérieure ! vous êtes pris dans l’engrenage de la célébrité, vous êtes un des quatre ou cinq dont on parle le plus, à cette heure. Vous appartenez au public, vous êtes sa proie, et, quand il entend jouir d’un homme, de son esprit, de son génie, de sa plume ou de son éloquence, vous savez qu’il n’y a pas à le frustrer. Il vous aura, coûte que coûte : vous êtes annoncé.

L’humeur de Vélines se transformait à l’écouter. De telles paroles le stimulaient singulièrement. Par pudeur, il tut la vérité, ne fit nulle allusion à cette concurrence qu’il rencontrait dans sa compagne même. Madame Martinal continua :

— Tenez, il n’est bruit que de vous à propos du divorce Mauvert. Entre nous, n’est-ce pas vous qui l’aurez, ce procès-Là ? On vous dit l’ami intime de l’amant.

— Je connais Georges Sylvère, mais j’ignore quel est l’avocat de sa maîtresse, chère madame.

Alors, poussée par cet instinct de babillage que