Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/322

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n’avait pas détruit en elle l’habitude de la réflexion, elle reprit, au profit de Vélines, qui en vivait éloigné, les potins du Palais. Les choses avaient marché depuis ce jour de l’été passé où elle avait désigné à Henriette madame Mauvert montant, avec le portraitiste en vogue, l’escalier de la galerie carrée. M. Mauvert, le mari, l’honorable négociant du Marais, avait engagé Faction en divorce. Son défenseur était choisi, on le citait même : c’était Lecellier, le « bâtonnable ». Quant à celui de sa femme, on n’aurait pu jusqu’à présent le nommer. Outre Vélines, on signalait plusieurs favoris ; le petit neveu de Chaix-d’Est-Ange, avocat de mérite, mais écrasé sous le lourd héritage patronymique ; Thaddée-Mira, le bel israélite au cabinet achalandé ; un député de Paris, et Lamblin, l’astucieux… La jeune femme s’égayait même à raconter que ces quatre-là, tous amis de Sylvère, quand il leur arrivait de se rencontrer dans les couloirs, avaient « de singulières mines ». En somme, une affaire pas bien noble, le divorce de cette mère de famille abandonnant son mari et quatre enfants pour suivre l’artiste ; mais une affaire qui révolutionnait le Palais, comme une proie tombée dans un grand vivier, et autour de laquelle, longtemps, les bêtes tournent, béantes.

Elle en était là lorsque Henriette, le chapeau sur la tête encore, arriva rayonnante, tenant sa fille.