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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/328

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tout s’était passé avec la plus complète correction. L’enfant avait été remis au père, boulevard de la Madeleine, on disait que cet événement avait déterminé, chez l’ingénieur, un renouveau de jeunesse. Comme autrefois, il s’était lancé éperdument dans la vie intellectuelle. La mère avait voyagé pendant quelques semaines, et, depuis son retour, le bruit s’était répandu que sa santé s’altérait. À en croire le monde, les médecins lui auraient ordonné la Suisse, mais elle ne voulait plus quitter Paris, craignant de perdre ses fugitives joies hebdomadaires.

« Le fait nouveau, on le provoque ! pensait Vélines. Si j’allais la voir dès maintenant ?… »

Il regarda l’heure : l’après-midi était avancée. Rechercher un taxi-auto lui fut à charge ; il prit le parti de renoncer à la visite de Passy. Ah ! c’eut été différent s’il avait eu à lui une machine docile à ses moindres désirs ! Une fois de plus, le besoin se faisait sentir de cet instrument professionnel si longtemps souhaité : l’automobile. Et pourquoi s’en trouvait-il dépourvu ? Alors, le souvenir d’avoir cédé jadis à la mesquinerie de sa femme, de celle qui jugeait toujours excessives ses ambitions personnelles, l’irrita. Dans leur ménage, n’avait-elle pas incessamment dominé ? Est-ce que par condescendance, par tendresse, par une sorte de galanterie protectrice envers cet être faible et gracieux, il ne s’en était pas remis à la fine intelligence d’Henriette du soin de con-