Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/338

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Le temps était orageux ; par les fenêtres ouvertes, le platane de la petite cour apparaissait immobile et noir, sans une palpitation de ses feuilles, et Henriette venait, déshabillée à demi, couverte d’un peignoir d’ancien linon à ramages d’où sortaient ses jolis bras nus. Elle venait d’un air pressé tenant sur son poignet quelques pièces de linge d’homme.

— André, dit-elle, avant de faire ta malle, l’ai voulu te consulter sur ce que tu désires emporter.

Il ne remarqua pas ses yeux gonflés ni quelques marbrures rouges sur la pâleur de ses joues. Elle se baissa, étendit le linge sur son genou ployé. Son corps gracieux se mouvait avec harmonie sous les plis sans poids de l’étoffe. À la lampe, la soie de ses cheveux dorés brilla. Vélines répondit :

— Emporte ce que tu voudras, chère amie : tu sais ce qu’il me faut.

— Mais, insista-t-elle, peut-être serons-nous surpris par le froid : au mois de septembre, il ne fait guère chaud en Normandie : faut-il ajouter quelques lainages ?

— À ton gré, je te dis, répéta Vélines, patiemment. Tu arrangeras tout, avec l’aide de Narcisse, et ce sera très bien.

Elle se débarrassa les mains. Il y eut un silence ; puis elle alla s’accouder à la croisée. Quelques fenêtres illuminées, du haut en bas de la maison,