Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/35

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brutale franchise, je me méfiais beaucoup jusqu’ici des doctoresses et des avocates, ces femmes qui me semblaient vouloir singer l’homme ; mais aujourd’hui, vous me réconciliez du moins avec les dernières.

— Oh ! notre métier n’empêche pas d’être femme, dit Henriette.

Et madame Mansart, exprimant tout haut la subite volte-face que faisaient ses idées à l’aspect de cette jolie fille si sympathique :

— C’est vrai : vous n’êtes pas des femmes de science, dont les études brutales et absorbantes peuvent dessécher un peu l’âme. Vous avez chez vous votre cabinet où vous travaillez, selon le cas, près de votre mère ou près de votre mari. À peine passez-vous quotidiennement deux ou trois heures au Palais… Puis, il y a dans la profession du barreau comme une manière d’enseignement à l’égard du client ; et j’applaudis des deux mains à l’éducation par la femme. Oui, je vous rattacherais plutôt, pour ce qui est de vos fonctions, à la femme professeur, pour ce qui est de votre esprit à la femme de lettres, qu’à la savante si redoutée… Et combien de loisirs vous laissent vos travaux, que vous pouvez employer à des divertissements tout féminins !

— C’est vrai, dit Henriette, à son tour fièrement, je sais coudre.

Ce mot ravit madame Mansart :

— Ah ! que c’est charmant, cette simplicité,