Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/357

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attendaient Henriette au salon. Sa vie était austère encombrée de graves soucis. Elle eut, à ce moment, un important procès de divorce mondain qui la mit de nouveau en évidence. Des journaux étrangers réclamaient sa photographie. Une zélée journaliste vint de Londres pour l’interviewer. Une curiosité toujours plus vive rôdait autour de sa personne. Des hommes graves la consultèrent, et, au milieu de toutes ces jouissances de vanité, elle avait des yeux rougis, son teint rose pâlissait et madame Martinal la surprenait couvrant sa fille de baisers fous, comme une femme sevrée d’amour.

« Vélines est cependant un charmant homme ! » pensait la veuve.

Quand il connut mieux cette femme, créée uniquement pour la maternité et qui ne voyait au monde, comme elle disait, que « ses trois gosses ». André peu à peu se livra davantage, leur amitié se resserra. Elle n’eut plus d’âge, plus de séduction, elle n’éveillait plus en lui qu’une sorte de sentiment filial, portant aux épanchements. Il se plaignait à elle de ses migraines, des incommodités de sa maison, des petits ennuis journaliers qui meurtrissent un délicat. Elle savait quand il était mal en train, déprimé ou mécontent de lui-même, quand il désirait une cause, quand il avait perdu un procès. Elle le pénétra bientôt profondément et découvrit dans ce mortel heureux une constante amertume.