Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/358

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Elle lui disait parfois, avec sa bonne humeur Je travailleuse vaillante :

— Eh bien, mon pauvre Vélines, ça ne va Jonc pas ?

— Ah ! murmurait-il, avec un geste découragé, la vie est abominable !

— La vie abominable ! répétait madame Martinal indignée, la vie ?

Elle en aurait inspiré le culte, la religion, rien que par la ferveur quelle mettait à vivre la sienne.

— Eh ! oui, continuait Vélines, on l’a conçue belle, on la voudrait pleine, entière, grande comme ses rêves, et ce n’est autre chose que le petit chemin maussade et épineux du cimetière.

— Ah ! malheureux, malheureux ! soupirait la veuve en s’attristant, pouvez-vous murmurer !… Vous êtes deux, vous vous aimez !…

À ce mot-là. Vélines détourna la tête sans répondre ; sa lèvre rasée eut un léger tremblement. De ce jour, madame Martinal comprit qu’une invisible brisure avait ruiné cette union amoureuse : elle en eut beaucoup de peine. C’était comme si une chose très précieuse avait été détruite sous ses yeux.

« Mais, qu’est-il arrivé ? » se demandait-elle.

Car les jeunes époux dissimulaient leur douleur avec une dignité fière, une pudeur ombrageuse qui se gardait d’en rien trahir. Vélines n’avait jamais