Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/360

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offerte en pâture à la curiosité du public, comme une femme de théâtre. Elle avait rencontré tant de maris qui n’eussent point voulu d’une compagne occupée au dehors !

— Est-ce que tu me reproches mon métier ? lui demanda-t-elle, toute frémissante.

Mais il répondit doucement :

— Je ne te reproche rien, chère amie

Et, désespérée, elle sentait, à son tour, la tendresse s’éteindre en elle.

Un soir de décembre, le dîner fini, Henriette et André se rendaient à leurs cabinets respectifs quand un coup de sonnette prolongé, vibrant comme un appel d’alarme, les surprit. Intrigués, ils s’avancèrent ensemble vers l’antichambre, tant ce bruit leur avait paru singulier, angoissant.

Et ils virent accourir à eux madame Martv. une simple mantille jetée sur ses cheveux, boutonnée à la hâte dans une fourrure lâche, toute blanche sous la lumière crue de la lanterne.

— Ah ! mes amis, mes amis ! donnez-moi un conseil bien vite !

Même lorsque son fils lui avait été enlevé, elle avait montré plus de réserve, de sang-froid, de possession de soi-même. On la fit entrer dans le petit salon, et dès que la porte fut refermée :

— Il est revenu ! dit-elle.