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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/361

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Et l’on croyait, à son émoi, qu’il s’agissait d’Alembert, Mais, à mots entrecoupés, elle se fit bientôt comprendre. C’était Marcel qui était arrivé chez elle, à l’improviste, il y avait deux heures de cela. Elle racontait ce qu’elle avait ressenti quand la porte s’était ouverte et qu’elle l’avait aperçu, tout frissonnant de ce qu’il avait osé, tendant les bras et criant : « Me voilà, me voilà ! je me moque des tribunaux et de toutes les cours du monde. Est-ce l’affaire de tous ces genslà. si moi, je veux rester près de toi, et si toi, tu veux me garder !… Quelle faute as-tu commise pour qu’on te retire le seul être qui t’aime ? Prends-moi, maman, prends-moi ! Je ne reconnais à personne le droit de nous séparer… » La cause de tout cela était l’arbitraire innovation d’Alembert qui l’avait mis demi-pensionnaire au lycée. Le pauvre petit avait souffert plus qu’on ne pouvait le savoir… Et elle omettait soigneusement d’avouer les rendez-vous dont cette mesure l’avait frustrée : elle comptait bien n’en jamais parler à personne, en vraie femme, qui sait ce qu’elle doit cacher pour n’être pas répréhensible.

— Il avait trop de chagrin, ajoutait-elle en dissimulant mal son admiration ; il a résolu de venir me rejoindre. N’est-ce pas extraordinaire, cet esprit de décision, chez un garçon si jeune ? En sortant du lycée, ce soir, comme monsieur Alembert l’attendait, suivant l’habitude, à la porte de la rue Caumartin, il a filé par celle de la rue du