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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/362

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Havre et il a sauté dans un fiacre qui l’a conduit à Passy, tout simplement… Et, vous savez, je ne l’ai pas laissé à la maison : j’avais trop peur qu’on vienne me l’y reprendre ; il est en bas, dans la voiture… Il est fier, il rayonne : on dirait un petit conquérant… Mais que va-t-on faire maintenant, mes pauvres amis !

Henriette s’était assombrie : elle estimait que cette escapade était une mauvaise carte dans leur jeu.

— Il faudra bien le rendre ! avoua-t-elle.

— Pardon ! lit son mari, qui exultait au contraire, le voilà, le fait nouveau que je souhaitais, que je cherchais, et il est inespéré !… C’est une matière magnifique pour un nouveau procès… Non, vous ne le rendez pas, vous le gardez, vous refusez énergiquement de le renvoyer à monsieur Alembert, et nous portons, une fois de plus, le débat devant les tribunaux. Comment ! cet enfant de quatorze ans, dont les maîtres nous attestent l’intelligence précoce, après avoir passé, d’après les divers jugements, des mains de sa mère à celles du père, fait un éclat, brise tout obstacle, foule les arrêts et, délibérément, par un choix raisonné, une détermination réfléchie, retourne à sa mère ; et il n’y aurait pas là, pour la justice, qui joue toujours ce rôle d’arbitre à l’aveuglette, une indication précise, indiscutable ? Allons donc !

— N’est-ce pas ? n’est-ce pas ? disait Suzanne, illuminée.