Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/363

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Et Henriette reprenait :

Évidemment, il y a là une plaidoirie toute faite sur le respect des droits de l’enfant Sans compter que la fugue de votre fils en dit plus long que toutes les enquêtes sur l’habileté pédagogique de monsieur Alembert… Marcel s’est-il plaint ?…

— Se plaindre !… mais ma pauvre amie, il adore son père !… En dînant, tout à l’heure, je l’ai vu essuyer furtivement ses larmes. Je l’ai interrogé pour savoir à quoi il pensait. Il m’a répondu : « Je pense à ce pauvre papa qui aura tant de peine !… » Et comme je lui demandais, un peu vexée, je l’avoue : « Mais si tu aimais si fort ton père, pourquoi n’être pas resté avec lui ? » il m’a donné cette raison : « Puisque je suis condamné à vous faire éternellement souffrir, toi ou bien l’autre, il est plus juste que ce soit lui que toi qui ait du chagrin !… » Marcel possède l’inflexible équité de l’enfance, voyez-vous ; seulement, en passant devant la poste, il m’a suppliée de faire arrêter et de déposer un télégramme pour monsieur Alembert. J’ai consenti. D’abord je savais bien que les premières recherches seraient faites chez moi, et puis je n’avais aucun intérêt à torturer inutilement ce malheureux qui devait être dans une telle angoisse !

— En quels termes était rédigée la dépêche ? questionna l’avocate, dont l’esprit travaillait déjà.

— « Rassure-toi, papa : je suis chez maman. Marcel. »