Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/364

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Henriette approuva ce laconisme qui rassurait l’ingénieur sans un seul mot compromettant

— Cette dépêche est très importante, expliquait-elle, ce sera la première pièce du dossier de l’adversaire.

Puis elle parla de la procédure à suivre. Il fallait, à son avis, entamer sur-le-champ l’action judiciaire. Madame Marty devrait dès demain voir son avoué.

— Mon Dieu ! soupirait la divorcée, encore, encore !

Elle semblait très lasse : son orgueil avait fléchi ; elle ne portait plus comme autrefois, avec une noble coquetterie, sa liberté reconquise sur l’homme. Pourtant, lorsque Henriette l’observait en se rappelant ce qu’avait accompli cette femme afin de sauvegarder son idéal très pur du mariage, elle la vénérait secrètement, lui vouait un culte ; et c’était pour elle une allégresse intérieure que de reprendre en main, désormais, la direction de ses affaires.

— Voyons, ma chère Suzanne, vous, si courageuse, si forte, vous hésitez pour quelques démarches ?

— Oh ! je ne suis plus forte, ma petite amie, je suis brisée. Ce que je rêve, c’est de m’enfuir avec mon enfant et de vivre en paix, près de lui.

— Je suis là pour vous soutenir, reprit Henriette, non sans quelque vanité. Confiez-vous en