Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/391

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Et, s’étonnant qu’elle ignorât ces imprudences risquées par la mère, il lui conta l’histoire des petites visites matinales dans le coupé, sur le boulevard Haussmann.

— Suzanne a fait cela ! s’écria l’avocate.

— Elle l’a fait quotidiennement. N’y avait-il pas là de quoi nous exaspérer ? Eh bien ! nous nous sommes laissé toucher, nous avons dédaigné de faire un éclat ; bien plus, nous avons feint de ne rien savoir, tant ces précaires entrevues nous semblaient émouvantes dans leur mélancolie. Quand la raison et le bon sens nous ont commandé d’y mettre fin, n’avons-nous pas recouru à la demi-pension, comme au stratagème qui devait blesser le moins ces deux cœurs ?… Et vous estimerez, après cela, que nous n’avons plus nulle affection pour notre femme ? Si ! si ! nous sommes prêt à lui ouvrir nos bras, nous la désirons inconsciemment nous l’attendons, à cette place où nous avons toujours refusé d’introduire aucune autre femme. Elle est demeurée véritablement, mystiquement, notre épouse, et nous pourrons nous refaire avec elle un avenir plein de félicité, pour peu que vous nous aidiez.

Henriette s’était lentement ressaisie. Elle répliqua :

— C’est bien. Je verrai Suzanne, j’essayerai d’obtenir qu’elle renonce à l’action judiciaire

— Brusquons, brusquons ! ordonna Fabrezan. Je vous conjure d’agir dès ce soir, ma petite