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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/393

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Quand l’automobile de Fabrezan la déposa rue des Belles-Feuilles, devant la maison de la divorcée, Henriette n’avait pas d’autre idée que celle de sa grande mission. Elle connut vraiment alors la gloire toute spirituelle de sa profession, même dans le renoncement, l’effacement qu’elle venait de consentir. La lune blanchissait un joli jardin bordé de massifs verts, au fond duquel se reculait le rez-de-chaussée de madame Marty. L’avocate aperçut le salon éclairé, derrière ses rideaux aux transparences roses. Suzanne lisait près de la lampe quand elle entra, et ne fut pas étonnée de cette visite. Toutes deux s’assirent auprès de la cheminée qui demeurait dans la pénombre. Le feu seul dardait ses reflets rouges sur le drap de leurs robes. Madame Marty se décida la première :

— Eh bien ! ma pauvre chérie, vous aussi, vous en êtes venue là ?

Car chez leurs amis communs, on commentait déjà, confidentiellement, la séparation des Vélines.

— Ah ! vous savez ?…

— Je sais depuis une heure… A-t-il fallu que vous souffriez, ma petite Henriette si douce, si soumise, pour prendre ce parti !… Oh ! que j’ai pleuré en apprenant cela !… Moi qui vous croyais