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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/395

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élément nouveau entre alors dans l’amour avec cette absolution ! Quelle réjouissance intime ! Quelle convalescence d’âme pour le coupable qu’il faut conduire, comme un malade à peine guéri, sur la route déjà parcourue de la confiance et de la tendresse ! Quelle puissance nous survient ! Quel pacte mystérieux nous attache ! e pauvre pécheur ! S’il pleure, comme on l’aime pour ses larmes ! S’il sourit, comme on s’applaudit du bonheur qu’on lui a donné !… Et l’on tire un grand rideau noir sur le passé qu’on ne veut plus connaître, et c’est ce rideau qui protégera votre vie.

Elle parlait très bas, mais avec feu, et comme pour elle-même.

La divorcée n’objectait rien. Sa longue nuque se ployait vers le feu, Henriette vit ainsi que ses cheveux étaient poudrés : Suzanne avait tant de mèches grises maintenant qu’elle en dissimulait la couleur ambiguë sous un frimas blanc. Ses beaux yeux fiers, fatigués, n’exprimaient plus qu’une immense tendresse mélancolique. Elle n’avait pas trente-cinq ans !

— Suzanne, commença enfin Henriette, il me faut vous dire toute la vérité au sujet de notre procès. Je ne me fais pas d’illusions — vous serez condamnée à rendre Marcel.

La triste mère se redressa, effrayée. L’avocate reprit, avec une autorité soudaine qui la métamorphosa :