Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/396

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Votre cause est mauvaise, ma pauvre amie ! Je l’ai étudiée à fond ; j’ai compulsé des masses de jugements et d’arrêts touchant des gardes d’enfants. Toute cette jurisprudence m’a convaincue de ceci : la fugue de Marcel incitera le tribunal à une décision plus sévère encore pour vous que ne l’était l’arrêt de la cour… Monsieur Vélines s’était emballé un peu trop vite sur ce fait nouveau, et il nous avait emballées toutes les deux. À y réfléchir froidement, j’ai bien compris que des juges ne pouvaient prendre en considération un coup de tête de petit garçon, dont vous paraîtrez toujours l’instigatrice… Car vous ne m’avez pas tout dit. Il paraît que vous revoyiez votre fils clandestinement, tous les matins, dans votre coupé, sur le boulevard Haussmann : monsieur Alembert s’en est aperçu… Il a toléré quelque temps vos entrevues, puis, à la fin, sourdement irrité, il a songé au régime de la demi-pension qui l’aiderait à tenir strictement le petit dans l’obédience. On vous accusera toujours d’avoir, au cours de ces entretiens, travaillé l’esprit de l’enfant et provoqué sa fuite… Vous avez été imprudente.

Des larmes montèrent aux yeux de madame Marty.

— C’est Marcel qui avait eu cette idée, balbutia-t-elle ; il m’avait écrit, un jour : « Sois demain au coin de la rue Caumartin et du boulevard ; on se parlera cinq minutes ». J’ai eu la