Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/398

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mêmes, vous et moi, et que vous lui procuriez ainsi l’entrevue souhaitée. Après ce qui s’est passé entre vous, votre démarche signifierait une cordialité, une estime que vous ne pouvez refuser à monsieur Alembert. Elle indiquerait le ton de votre entente mutuelle, qui sera celle de deux honnêtes gens, nullement ennemis. Est-il votre ennemi, Suzanne, le père de votre enfant ?

— Je crois qu’il ne m’est plus rien, dit Suzanne en rougissant un peu.

— Alors vous m’accompagneriez volontiers demain chez lui ? Son avocat pourrait se trouver là, et nous tacherions que la vie vous soit désormais moins cruelle, à l’un comme à l’autre.

— Mais objecta madame Marty n’aurai-je pas l’air de capituler ? Il me semble que je m’abaisserai devant monsieur Alembert…

— La présence de vos deux conseils, chère amie, otera tout caractère intime à votre conciliabule. Quant cà votre fierté, souvenez-vous qu’elle n’est pas en jeu, mais seulement l’avenir et l’intérêt de Marcel. D’ailleurs, le divorce ayant été prononcé à votre profit, vous tenez le beau rôle, et la délicatesse veut que cette démarche, ce soit vous qui la fassiez.

Elles restèrent, un moment, silencieuses. Sur la cheminée, un buste de Marcel, à quatre ans, en cheveux longs, mettait comme une lumière dans la demi-obscurité de la pièce. Sur le piano recouvert d’une soie sombre, une jardinière de