Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/399

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bronze enserrait un buisson de houx luisant et métallique. Une tapisserie flamande, verte et indigo, enténébrait encore le fond du salon, où la rareté des sièges disait la solitude presque absolue de la jeune femme qui régnait ici. Seulement, sur un guéridon, geste d’une piété involontaire envers l’intégrité du mariage, envers sa continuité mystérieuse, geste presque nécessaire de la constance chez une telle créature, la divorcée avait placé une photographie de l’ingénieur.

— Eh bien ? demanda Henriette. Madame Marty répondit résolument :

— J’irai.

— Mon cher, disait Fabrezan en prenant le bras d’Alembert, faites-moi donc admirer votre nouvelle emplette : elle m’a intrigué dès mon entrée dans votre salon ; ça doit être un bibelot d’une sacrée valeur !

Le brave homme, apitoyé par la nervosité de son client, cherchait à lui occuper l’esprit par tous les artifices possibles : il l’entraîna vers une gravure au trait si léger qu’elle ne faisait sur la muraille qu’une tache pâle. Alembert expliqua :

— J’ai déniché ça rue Bonaparte, pour cinquante-huit sous ; ce n’est pas signé, mais c’est anglais, vraisemblablement… On dirait un dessin