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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/400

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féminin, tant c’est mou et gracieux, n’est-ce pas ?

Fabrezan se planta sur le nez un fort binocle de myope et vint heurter le verre de la gravure pour la mieux voir, tout en pliant l’échiné. Sa redingote se tendait sur ses larges reins et retombait en plis amples. Il aperçut alors le profil d’un beau corps de femme, mince, grand et harmonieux, habillé d’un fichu, d’une robe traînante à taille haute. Les bras tenaient par les deux brides un chapeau de paille qui flottait au niveau du genou. La tête nue, altière et pure, rappelait la beauté de madame Marty. Fabrezan allait constater tout haut cette ressemblance, mais il se mordit les lèvres à temps.

— C’est joli, conclut-il, très distingué… très distingué…

— Il y a beaucoup de choses dans cette femme ! murmura l’ingénieur.

Cinq heures sonnèrent. Alembert ne put s’empêcher de dire tout haut :

— Voilà cinq heures…

Fabrezan déclara :

— Ça vaudrait aussi bien quinze ou vingt louis.

— Paris vous offre de ces occasions.

Et la conversation languissait ainsi, sans intérêt, sans lien : simple dérivatif à l’idée fixe. L’avocat revint s’asseoir. Alembert jeta un coup d’œil circulaire autour de la pièce, Il l’avait ornée de fleurs comme il faisait naguère, les jeudis de Marcel, mais aujourd’hui les fleurs étaient d’une