Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/40

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

riette s’y délecterait, encore plus captivée qu’un homme par son métier. Elle lui suggérerait parfois certaines finesses, elle servirait à sa gloire. Et il descendait, sans mot dire, le perron de la salle, et menait sa grand’mère, par la galerie Marchande, à la cour d’assises.

Les trois petites stagiaires s’y acheminaient. aussi en bavardant. Madame Martinal avait posé sur un des bancs de la muraille sa serviette volumineuse, et elle fouillait un dossier, craignant qu’une pièce ne lui manquât à l’audience, tout à l’heure. Ses beaux yeux gris, qui avaient tant pleuré, devenaient fixes, anxieux, inexpressifs. Toute sa plaidoirie, préparée la nuit dernière, lui repassait en la mémoire. Oh ! ce procès, une indemnité réclamée par une ouvrière à un grand couturier, une fois gagné déjà et qu’elle risquait de perdre maintenant !… Souverainement impressionnable, elle avait des battements de cœur qu’elle essayait de comprimer, et elle songeait à Erambourg, le président redoutable…

— Non, madame, je ne plaiderai pas, je ne plaide jamais, répétait à madame Leroy-Mathalin mademoiselle Angély, doucement obstinée.

Depuis un moment, la plaideuse s’acharnait après elle avec son importunité de gros insecte ; mademoiselle Angély ne s’en pouvait débarrasser. Puis un doute lui venait. Une affaire Leroy-Mathalin s’annonçait toujours lucrative : la dame était généreuse et reconnaissait sans compter les