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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/401

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essence plus rare, plus capiteuse, décelant une sélection plus attentive. Il lui avait paru que c’était là une courtoisie discrète envers la visiteuse attendue, avec laquelle il ne lui serait permis d’échanger que des propos d’affaires

Enfin la porte s’ouvrit et trois personnages guindés, gênés comme les acteurs d’un drame difficile, s’avancèrent. Il y avait d’abord le pauvre gamin, dont la petite mine ravagée faisait pitié et que poussait doucement par l’épaule madame Marty tout en noir, des pieds à la tête, le visage étrange, si jeune sous le blanc léger de sa chevelure ; puis l’avocate, qui s’écartait un peu, moins à Taise pour se taire, dans ce salon, que pour parler, à la barre, devant cinq cents personnes.

Alembert salua Henriette, puis vint à sa femme, qui lui tendait la main. Et il dit d’une voix étranglée.

— Bonjour, Suzanne.

Elle, toute défaite, fut incapable de desserrer les lèvres. Il n’abandonna pas sa main et la conduisit ainsi à un siège proche du sien. Il la contemplait toujours, stupéfait devant ces cheveux blancs et cette grâce douloureuse qu’elle avait acquise en souffrant. Ils ne se disaient rien. Fabrezan, au contraire, déployait toute sa faconde méridionale ; il emplissait la pièce de sa voix de théâtre ; debout près d’Henriette, il avait accaparé l’enfant et s’écriait :