Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/402

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— Et il n’a pas encore quatorze ans, ce petit Marcel ?… On mettrait ça en rhétorique, sur sa taille ! Que voudrez-vous être un jour, dites, mon ami, un pauvre avocat comme moi, ou un savant ingénieur comme votre papa ?… C’est qu’il vous ressemble singulièrement, Alembert. Mais, sacrebleu ! faites-lui faire de la gymnastique pour m’élargir ces épaules-là.

— Nous avons un peu chaud, disait Henriette en ouvrant sa fourrure : Suzanne a eu le caprice de venir à pied, tant il faisait beau…

Et Suzanne réussissait enfin à prononcer tout bas :

— J’espère que vous me croirez : je ne suis pour rien dans l’acte de Marcel ; c’est de son chef qu’il a quitté le lycée pour me rejoindre. J’ai ou un instant d’affolement, je l’ai gardé. Aujourd’hui je vous le ramène… Cet enfant nous aime également, je vous le jure : mais il me savait souffrante, très peinée par son éloignement ; il a pensé devoir, en dépit de tout tribunal, se rapprocher de moi. Ne lui en tenez pas rigueur, n’est-ce pas ?

L’ingénieur eut un sourire de tristesse :

— Suzanne, vous oubliez que c’est mon fils, à moi aussi… Lui tenir rigueur !… Sachez bien, au contraire, que je ne veux me souvenir de rien. Non. rien ne s’est passé ; Marcel ne m’a pas quitté, je n’ai même pas la moindre chose à pardonner… Êtes-vous satisfaite ?