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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/416

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depuis huit jours, affectait un calme, une sérénité où la veuve discernait la contrainte héroïque. Positivement, madame Martinal admirait la force de cette délicate jeune femme qui, ayant entrevu la bonne voie, y cheminait et y cheminerait désormais sans que l’on pût craindre d’elle le moindre écart. Mais Vélines l’exaspérait par cette belle inconscience, par cet épanouissement qui devait intimement blesser Henriette.

— Ta grand’mère va-t-elle bien ? demanda celle-ci.

Vélines donna sans entrain des nouvelles de madame Mansart. La vérité, c’est qu’il s’était terriblement ennuyé à Rouen. Cette semaine d’hiver passée dans ce quartier des jardins où soufflait une aigre bise, à une époque où il venait de dégorger sa rancune et sa bile, et où il se sentait soulagé comme un homme dont l’apostume a crevé, n’avait ressemblé en rien à ces vacances d’avril savourées dans la fièvre de sa crise. Il n’avait retrouvé ni les vergers de rêve, blancs, parfumés et poétiques, ni les sonneries de cloches de la ville bourdonnante, ni la résurrection de son enfance, ni l’amer divertissement de comparer l’une à l’autre les deux femmes qui s’étaient partagé sa vie : l’épouse et l’aïeule. Une pluie froide avait rendu pour lui la rue exécrable ; il gardait une rancune vague à madame Mansart, qui avait déterminé tout le mal en diagnostiquant si cruellement cette diathèse conjugale où