Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/417

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Henriette et lui auraient pu végéter encore longtemps dans un demi-bonheur. L’accoutumance lui créait de sa femme un impérieux besoin. Toute passion éteinte, tout désir aboli, l’habitude implantée en lui réclamait encore le confortable de l’appartement parisien, la commodité d’une existence matérielle qu’une femme, — la sienne. — conduisait à son goût. Le moins noble de lui-même conservait, après l’amour, un attachement égoïste à la ménagère supérieure qu’était Henriette… Et c’était tout cela que madame Martinal devinait maintenant sous ce masque d’homme froid, plus réjoui de l’atmosphère du home que de la compagne retrouvée, et elle était trop fine pour douter qu’Henriette ne le comprît pareillement.

Après le dessert, tout en trempant ses lèvres à petits coups dans le verre de chartreuse, Vélines demanda sa fille. Il l’assit sur un de ses genoux et la fit jouer au cheval, au chemin de fer. L’enfant suffoquait dans un rire éperdu, perlé, flûté, ininterrompu. Henriette, qui avait à peine parlé, restait d’une tristesse mortelle. Le père, au contraire, exultait largement, presque insolemment. Cette sécurité acheva d’exaspérer madame Martinal.

— M’accompagnes-tu au Palais ? demanda Henriette quand elle fut allée mettre son chapeau.

Elle avait d’excellentes raisons pour souhaiter