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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/423

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Et, sans rien ajouter, il partit haussant les épaules.

À la vérité, tout le Palais était informé : on ne sut jamais si la paternité de l’information devait être imputée à cet illustre bavard de Fabrezan. qui ne pouvait jamais garder pour lui ses tumultueuses indignations, ou, plus simplement, à la préposée, qui se rencontrait, chaque matin, au marché Saint-Gervais, avec la femme de Narcisse. Quoiqu’il en fût. Vélines avait eu moins de stupeur à entendre la révélation de madame Martinal qu’à éprouver que le Palais entier connaissait son infortune passagère. Elle se présentait à son esprit en images nettes ; elle s’aggravait ; elle le torturait après coup. À l’idée que ce malheur pouvait être vrai, il frissonnait. Cependant il affectait beaucoup de naturel et arrêta Louise Pernette pour lui demander si elle n’avait pas vu sa femme. Louise devint très rouge en répondant que madame Vélines était à la onzième chambre, où l’on jugeait des vols aux grands magasins.

C’est là, en effet, qu’il devait la retrouver. Le public était compact : il fut obligé de jouer des coudes pour traverser la salle. Quand le chignon blond d’Henriette lui apparut au banc des stagiaires, son cœur eut un soubresaut. Et avec une ostentation orgueilleuse, il lui mit aux épaules ses deux paumes. Un visage se retourna, surpris, dont la surprise se fondit instantanément