Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/426

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C’était une maison haute et neuve. Louise en occupait, au dernier étage, trois petites pièces aux tapisseries bon marché, gentiment meublées : la chambre, d’un lit étroit en pitchpin, avec l’armoire à glace assortie et deux chaises ; la salle à manger, d’une bibliothèque et d’un bureau en bois clair, qu’entouraient des sièges dépareillés ; la cuisine, d’un petit fourneau à gaz pour les œufs à la coque du soir. Une femme de ménage venait chaque matin balayer et servir le repas qu’envoyait un traiteur voisin. C’était simple, dépourvu de toute coquetterie, sans un bibelot, austère comme Louise. Henriette sentait un peu d’émotion à voir comment cette jeune fille de bonne bourgeoisie française s’était résignée à vivre pour conquérir cette profession qui avait été si accessible à la fille du président. Marcadieu.

Louise souriait toujours. Elle disait :

— Oh ! ce n’est guère riche ; ma petite pension est maigre. Ça n’a pas été une fantaisie pour moi de me faire inscrire au barreau : je voulais parvenir à gagner mon pain toute seule. Et, même dans le mariage, il me semblerait bien plus élégant, bien plus digne, de ne devoir qu’à moi-même ma subsistance ; j’y étais décidée, quand Servais m’a fait cette prière que je vous répétais tout à l’heure. Si je l’écoutais, nous nous marierions au printemps, et je jetterais ma toque aux orties. Eh bien ! chère amie, vous ne saurez