Aller au contenu

Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/43

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ils espèrent le ragoût. Au bas de la salle, une masse de personnes debout se pressaient près de la porte. Au milieu d’elles se tenait Henriette Marcadieu, inquiète et inattentive. Elle n’avait pas voulu prendre place près de ses confrères. Elle demeurait ici dans une expectative troublante où elle se complaisait. Et, chaque fois que s’ouvrait la porte, brusquement, anxieusement, elle se retournait, un peu pâle.

Les objets familiers perdaient, à ses yeux, leur aspect ordinaire. Une illusion revêtait tout. La poésie universelle était entrée en elle. On l’aimait. Vélines l’aimait. Un bourdonnement plus joyeux que celui d’un essaim d’abeilles en été emplissait son oreille. Et voici que dans son cœur naissaient des choses nouvelles et suaves. C’est qu’en effet un grand mystère s’accomplit lorsque la jeune fille se dégage de cet égoïsme puéril, orgueilleux et vainqueur, de cet égoïsme nécessaire qui a développé sa personnalité, pour concevoir l’attrait du dévouement absolu, subtile origine de l’amour féminin. La sereine petite « intellectuelle », à l’esprit positif, connut l’infini du rêve. Au souvenir d’André, elle tremblait. Elle murmura :

Faire son bonheur…

À la barre, maître Blondel, de son organe assourdi mais distinct, prononçait :

Messieurs, ma cliente apportait dans le mariage toutes les espérances et toutes les généro-