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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/435

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gramme de vie conjugale Et ce qui la frappait le plus, c’est que Louise n’y apparaissait ni diminuée, ni abaissée, bien au contraire…

« Est-ce donc vrai, se disait Henriette en longeant l’étroite rue qu’étouffait la cathédrale, est-ce donc vrai que la plus grande gloire pour nous sera toujours d’être aimées ? »

Et, à penser que son mari n’avait plus de tendresse pour elle, elle éprouva soudain l’infériorité de son état, qui la confondit secrètement comme le pire opprobre.

Elle s’en allait tristement par la rue d’Arcole, quand déboucha de la rue Chanoinesse un pompier dont le manteau bleu, largement écarté, attira son attention ; sous le manteau, une jupe dépassait avec l’ourlet d’un tablier blanc, et deux vastes pieds dans des bottines éculées. Quand le couple se trouva au large, sur le trottoir peu fréquenté, la cape bleue s’ouvrit, et Henriette en vit sortir la grosse tête ébouriffée de Palmyre, la petite servante de mademoiselle Angély, l’un des meilleurs échantillons de la colonie d’Ablon. Henriette soupira :

— Retournée à la rue, celle-là aussi ! Quel chagrin pour la pauvre Angély, quand elle apprend ra ce dévergondage !

Mais Henriette se désolait à tort : les apôtres ont plus de résistance. Mademoiselle Angély n’ignorait peut-être rien, et poursuivait tout de même son entreprise colossale d’épurer le pavé