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Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/436

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de Paris en prêchant la vertu aux enfants vicieux Sa maison d’Ablon était un ample crible : sur les centaines de mineurs qui passaient là, quelques dizaines demeuraient victorieux de l’épreuve, assainis, acquis à l’honnêteté. — des garçons, pour la plupart, sauvés par le travail et par le sourire de cette singulière vieille fille. Et, à cause de ces dizaines-là, la colonie d’Ablon était une grande œuvre, et mademoiselle Angély un peu plus qu’une femme…

Henriette, qui ne connaissait pas cette sérénité géniale, dédaigneuse des échecs, des difficultés, des impossibilités même, était fort affligée. Tant d’avocates pour l’enfance criminelle et tant d’opiniâtreté dans le mal ! Tant de dévouements et tant de Palmyres ! Et elle voyait se dandiner lentement devant elle, sur le trottoir, son vrai domaine, la mineure que Louise avait jadis, à la huitième chambre, défendue avec tant de chaleur après l’avoir évangélisée dans les couloirs du petit parquet ou dans le parloir de Saint-Lazare. Était-ce donc là qu’aboutissait la théorie de la régénération des coupables par la femme, — le cheval de bataille de mademoiselle Angély ? Un stagiaire incapable, benêt, et dépourvu d’idéal, eût, à en juger par ce résultat, autant réussi que la suave et zélée Pernette. « Alors, alors, se demandait Henriette, si la carrière d’avocat n’offre à la femme mariée qu’une gloire dangereuse, et si la célibataire n’y trouve qu’un apostolat superflu, qu’en