Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/437

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reste-t-il quand on ne la considère plus comme un gagne-pain ? »

— À quoi penses-tu, ma chère ? interrogea Vélines lorsqu’elle rentra ; on dirait que tu broies du noir.

Elle se garda de dévoiler la nature de ses préoccupations, mais il lui sembla que cette phrase avait été prononcée sur un autre ton que celui de la politesse banale : une note affectueuse y résonnait. D’instinct, elle se raidit contre toute faiblesse, et, sans parler de Louise, narra la rencontre de Palmyre…

Après le dîner, ce jour-là, longtemps absorbée, à son bureau, devant un papier timbré qu’elle n’avait même pas lu. elle se leva et gagna le cabinet de son mari. Vélines, surpris, lui demanda ce qu’elle voulait.

— Rien, fît-elle innocemment, je ne suis pas en train de travailler ce soir, je flâne.

Et, du petit doigt, elle nettoyait la cheminée que son mari salissait toujours avec ses bouts de cigarettes.

— Je te mettrai des cendriers sur tous les meubles, ici, dit-elle avec beaucoup de gravité.

Les dentelles de son peignoir accrochèrent des brins de tabac ; son bras nu se glissait parmi des statuettes. Vélines avait interrompu sa besogne. Ils semblaient aussi mystérieux l’un pour l’autre que s’ils ne s’étaient jamais appartenu. Pas une