Page:Yver - Les Dames du palais.djvu/438

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

seule fois Vélines n’avait fait allusion à la fugue d’Henriette ; pas une seule fois Henriette n’avait pu supposer qu’il fût instruit de son acte : là était pourtant la base de toutes leurs pensées, de tous leurs sentiments. Lui en demeurait intimement épouvante ; elle y songeait toujours avec l’orgueil dune femme consciente de s’être une fois reprise, et qui n’est encore au foyer conjugal que parce qu’elle le veut bien.

Enfin elle questionna André :

— Tu ne lis pas un peu, le soir ? Tu ne te reposes jamais.

— Jamais.

— Il me semble que tu ne te distrais guère

— Dieu m’en garde ! reprit gaiement cet homme sévère.

Henriette parut contente en découvrant sur le marbre d’une console des cendres nouvelles qui servirent de prétexte à un nouveau nettoyage. Elle prit un air détaché.

— Que fais-tu ces jours-ci ? quelque chose d’intéressant ?

Vélines ne cacha pas son étonnement :

— D’intéressant pour toi ? Je ne crois pas, fit-il tristement.

Et Henriette se souvint, à ce mot, qu’elle avait résolument, au début de leur union, élevé un mur entre les soucis professionnels de son mari et les siens.

— C’est que, répliqua-t-elle, j’ai croisé, l’autre